Madeleine de Proust
C'était le 3 Décembre 2025.
Ce jour-là, ils se sont installés en classe, surpris de voir sur leur bureau une madeleine longue et dodue posée sur une petite serviette à carreaux rouge et blanche … Ils sortirent la tasse que leur professeure de français leur avait demandé d'apporter.
Ils attendirent que la consigne vienne, au calme, habitués aux extravagances de leur enseignante. On servit le thé. Chacun se mit en écriture de l'expérience gustative à venir : goûter la madeleine sucrée, le thé brûlant et brun … puis tremper la madeleine dans le thé et goûter encore, humer, évaluer, décrire avec des mots. Quand écrivons-nous sur nos sensations ? Du palais au stylographe, quand ?
Puis ils se sont mis en lecture ou plutôt leur professeure a théâtralisé la lecture, comme autant de sucreries à distribuer à ses élèves. Il fallait comprendre ce qu'était la madeleine de Proust pour mesurer la distance entre le texte lu et le texte écrit au préalable par chacun. La distance est grande mais pas désespérante. Puis pour les élèves, ce jour-là, c'est une écriture de l'immédiateté alors que chez l'écrivain, c'est celle de la mémoire de la sensation.
La suite serait d'écrire sur sa madeleine en allant puiser dans sa mémoire intime la plus ancienne des saveurs. Et croyez-le, les productions d'élèves étaient riches. La littérature ne raconte que la vie et c'est bien le cœur du cours de lettres.
